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Philosophie et soin

Même si le terme «philothérapie» circule depuis peu, il faut rappeler que les préoccupations thérapeutiques des philosophes ne datent pas d’aujourd’hui et ne sont ni un prolongement ni une bifurcation de la psychologie ou de la psychiatrie...

Selon Jon Ennis (in Cameron, Ennis, Deadman, Standards and Guidelines for the Psychotherapies, University of Toronto Press, 1998, p.4-5) le terme «psychotherapeia» est apparu pour la première fois en 1853 dans les écrits du psychiatre anglais Walter Cooper Dendy, ce qui est effectivement assez récent par rapport aux recherches philosophiques concernant les «affections de l’âme».

En fait l’idée qui se trouve derrière la philothérapie est plus ancienne qu’on pourrait le croire. Le soin et la philosophie dessinent une histoire commune bien plus ancienne que le terme psychothérapie et ce lien se perpétue depuis que l’homme a constaté qu’il pouvait changer le cours de sa vie en se donnant du temps pour la penser. Soigner son âme, s’occuper de soi-même, se soucier de soi, voilà des pratiques philosophiques qui remontent à l’Antiquité et préfigurent la philothérapie. Relire les philosophes antiques nous rappelle combien la philosophie se faisait un devoir d’explorer, comprendre et soigner ce qui peut affecter la santé humaine. Épicure, par exemple, nous dit qu’«il est vide, le discours du philosophe qui ne soigne aucune affection humaine. De même en effet qu’une médecine qui ne chasse pas les maladies du corps n’est d’aucune utilité, de même aussi une philosophie, si elle ne chasse pas l’affection de l’âme». On entend chez Cicéron que «la philosophie est une médecine de l’âme», (Tusculanes, III, 6) et chez Épictète on conçoit qu’«une école philosophique est un cabinet de médecins» (Entretiens, III, XXIII, 30).

La place occupée par les philosophes dans les pratiques du soin a diminué au cours du temps au point de devenir aujourd’hui négligeable dans un secteur de la santé qui regroupe de nombreuses disciplines et un très grand nombre d’intervenants. La psychologie, la psychiatrie, la psychanalyse et tout un éventail de techniques et de pratiques psychothérapeutiques sont venus s’ajouter à la médecine, aux technologies médicales et à l’industrie pharmaceutique, plaçant la santé et le bien-être au centre d’un gigantesque secteur économique.