Qu’y-a-t-il dans le mot philothérapie?

Dans la deuxième partie de sa vie et dans ses «Investigations philosophiques», Wittgenstein a défendu la thèse selon laquelle la signification d’un mot vient de l’usage et de ce qui se transmet dans l’action. Ainsi on peut dire que la signification du mot philothérapie n’apparaît pas dans son étymologie, mais émergerait plutôt de son usage dans le langage...

Alors, si pour découvrir le sens du nouveau terme philothérapie, vous ne vous appuyez pas sur l’étymologie, mais faites d’emblée le rapprochement avec ce que véhicule le terme voisin «psychothérapie», vous entendez donc ce terme dans le même sens que les promoteurs de cette nouvelle méthode, à savoir: faire une thérapie par la philosophie, suivre une thérapie à travers une méthode philosophique, obtenir un résultat thérapeutique à travers un questionnement philosophique, ou arriver à un résultat thérapeutique en suivant un cheminement philosophique...

Cependant, une précision s’impose: la philothérapie, comme son nom l’indique, n’existe nulle part en tant que discipline officielle. Elle ne jouit d’aucune reconnaissance officielle de la part d’organismes d’état ou d’organismes privés certifiants. Vous ne trouverez pas – en tout cas pas encore – de «philothérapeutes» certifiés. Il n’existe actuellement pour cette discipline aucune réglementation comme c’est le cas pour le titre de psychothérapeute, et c'est peut-être mieux ainsi. La «philothérapie» se veut surtout une nouvelle pratique thérapeutique qui dépend entièrement du praticien. Ce n’est pas pour autant que les praticiens ne devraient pas être titulaires d’un diplôme sanctionnant leur formation philosophique: qu’un philothérapeute soit diplômé en philosophie est bien la moindre des choses!

Dans la mesure où la formation philosophique du praticien est avérée, une pratique philothérapique non encadrée par un organisme d’état ou un organisme certifiant ne veut pas dire que le praticien qu’on a en face de soi est inexpérimenté, incompétent ou incapable de mener à bien un projet de soin ou de clarification philosophique: sa compétence, en tant que philothérapeute, réside dans un ensemble de qualités professionnelles et personnelles qu’il met en œuvre avec son interlocuteur – attitude personnelle bienveillante, aptitudes à l’écoute, à la reformulation, à la clarification et au dialogue, exigence et rigueur intellectuelle, connaissance de sa discipline, esprit de recherche et curiosité intellectuelle.

Vous sentez le besoin de prendre soin de vous-même et par vous-même – c’est-à-dire de vous prendre en main, de faire des choix éclairés – et dans cette perspective vous souhaitez faire appel à un thérapeute formé à la philosophie. Les séances avec un philosophe praticien ne sont pas remboursées par la Sécurité Sociale. Il faut donc vous poser la question du coût. C’est également une bonne idée de commencer par formuler pour vous-même votre demande avant une prise de rendez-vous, afin de décider si un projet de thérapie philosophique est le parcours le mieux adapté à vos besoins.

Si vous êtes déjà engagé dans un parcours de psychothérapie, des séances avec un philosophe praticien peuvent se révéler complémentaires, mais si vous envisagez de remplacer la psychothérapie par la philothérapie, ne prenez pas cette décision à la légère, prenez le temps de peser le pour et le contre: demandez-vous si, dans votre cas, la philosophie est apte à répondre à votre problématique.